
Mari-Lizig et les Kerhors
On appelle bateaux kerhors les petites chaloupes autrefois armées par les familles de la communauté de pêcheurs de Kerhuon, en rade de Brest. Malgré leur taille réduite (environ 6 mètres) et l’absence de pont, d’aménagements, ils emportaient un équipage familial qui travaillait et vivait dans cet espace très restreint, encombré d’apparaux de pêche, d’espars, de voiles et d’avirons, ne rentrant au village, au mieux, qu’un jour par semaine.
Lorsque le bateau relâchait, l’équipage de quatre personnes (qui comprenait souvent, fait assez exceptionnel en France, la femme du patron) s’abritait sous une toile couvrant les trois quarts avant du bateau. Les repas se préparaient sur l’arrière, dans une marmite suspendue au-dessus d’un feu de bois, allumé sur une plaque de fer posée sur des cailloux.
Les petits kerhors se propulsaient à la voile et à l’aviron, pêchant et demeurant presque toujours en rade de Brest ou dans les environs, où la vision de la flottille – des navires au mouillage faisant sécher vêtements et filets – et des conditions de vie de ces semi-nomades frappa durablement les esprits. Apparues au XVIIIe siècle, ces chaloupes connurent leur apogée vers 1880, avant de se raréfier et de disparaître complètement au fil du XXe siècle.
Mari-Lizig, lancée en 1988 au Relecq-Kerhuon par Joseph Canton pour l’Association du bateau kerhorre (ABK), porte haut, depuis, la flamme de cette mémoire.
La petite chaloupe Les Trois Sœurs, lancée par le chantier Stipon du Fret l’année précédente, était elle aussi largement inspirée des kerhors, dont l’histoire avait été retracée par son commanditaire, Bernard Cadoret.