À son apogée, dans la première partie du XXe siècle, la flottille des thoniers à voile de Bretagne et de Vendée comptait des centaines de dundées, voiliers aussi graciles que puissants, capables de partir, l’été, au grand large pour la pêche du thon germon, et, d’affronter les rigueurs hivernales pour la pêche à la drague, très éprouvante et dangereuse.

Pour pêcher le thon, les dundées comme Biche gréaient jusqu’à dix-sept lignes, à l’arrière et surtout le long de leurs deux tangons, grandes perches bien reconnaissables, déployées de chaque côté de leur grand mât.

Le poisson, pêché jusque les parages des Açores en début de saison, puis dans le golfe de Gascogne et jusqu’au Sud de l’Irlande, gardé suspendu à des tréteaux installés sur le pont, risquant de se gâter, il leur fallait redoubler de vitesse pour rentrer le livrer !

Lancé en 1934 par le chantier d’Aimé Chauffeteau, aux Sables-d’Olonne, Biche mesure 21, 10 mètres de long. Il appartient à la dernière génération des dundées thoniers à la voile pure, sans doute la plus aboutie, intégrant, en particulier, les leçons de la tempête de septembre 1930, qui a provoqué de nombreux naufrages dans la flottille.

Biche resta basé jusqu’en 1956 à l’île de Groix, à Port-Tudy, autrefois le premier port thonier de France. Rendu obsolète par les navires motorisés et équipés de cales réfrigérées, il servira ensuite successivement de dortoir pour une école de voile à Zeebruges, puis de navire de plaisance en Angleterre.

Alors qu’à la fin des années 1990, Biche semblait condamné à pourrir dans une vasière du Port-Rhu, une association est constituée pour rendre au dernier dundée thonier la splendeur de sa jeunesse : le navire sera reconstruit par le chantier du Guip, établi pour l’occasion à Lorient, à partir de 2009. Depuis sa remise à l’eau en juin 2012, Biche sillonne l’Atlantique avec éclat, notamment pour des campagnes de pêche au thon à l’ancienne.